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André Yinda, le blog

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25 janvier 2008

Interview: Usages du machiavélisme

INTERVIEW DE L'AUTEUR DE L'ART D'ORDONNER LE MONDE au Quotidien LE JOUR

André-Marie Yinda Yinda : ''L'art de conduire le bien commun est une affaire politique et non morale
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par Jean-Philippe Nguemeta  

Le philosophe camerounais et lauréat du prix Raymond Aron 2005 relève l'intérêt qu'ont les Africains à lire Machiavel aujourd'hui.

Pouvez-vous résumer votre récent ouvrage :''L'art d'ordonner le monde. Usages de Machiavel'' ?
Je tente d'apprivoiser la pensée de Machiavel pour comprendre la logique profonde et intime qui détermine au quotidien la structure politique du monde, celle qu'on désigne, 

par commodité langagière, l'ordre international. Le cheminement philosophique et théorique du  monde me conduit non seulement à redécouvrir et à mettre en sens ce que politique veut dire dès lors que ce n'est plus la polis, la cité, l'Etat qui est pris pour son lieu de naissance, son domaine d'action et le critère de son évaluation,  mais quelque chose qui lui est extérieur et supérieur, à savoir le concept de monde. Au fond, il s'agit de théoriser, en termes rigoureux et critiques, je crois, ce que la politique est en train de devenir aujourd'hui, sous nos yeux, à l'ère dite globale : bien plus qu'une simple interface des métamorphoses du monde, c'est,  strictement parlant, une métaphore du monde présent et surtout à venir.

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14 janvier 2008

Prophètes, guerre et politique

14 janvier 2008

Plaidoyer pour l'alternance: Tribune Presse

14 janvier 2008

L'art d'ordonner le monde. Résumé pour le public africain

14 janvier 2008

L'art d'ordonner le monde: Sommaire

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14 janvier 2008

L'art dordonner le monde: résumé

14 janvier 2008

L'art d'ordonner le monde: Presse

26 décembre 2007

L'art d'ordonner le monde... bientôt en librairie

J'ai le plaisir d'annoncer la publication de mon livre: L'art d'ordonner le monde. Usages de Machiavel paru dans la collection "Pouvoirs comparés" que dirige Michel Bergès chez l'Harmattan à Paris. L'ouvrage est déjà en vente en ligne et sera disponible en librairie courant janvier 2008. Je reste naturellement très attentif aux remarques et répondrai à toutes les questions en rapport. Bonne lecture.

art_d_ordonner_le_monde__L__

22 décembre 2007

Le traité de Lisbonne: acte final

union_europeenne_splash

Voici, dans son intégralité pour ceux qui n'y ont pas accès, l'acte final qui a été signé par les chefs d'Etat et de gouvernement européens au sommet de Lisbonne. Je n'ai pas le temps de le commenter ici et maintenant; en particulier de le relier à l'Afrique pour comprendre et donner du sens à ce qui s'est joué à Lisbonne dans le cadre des APE et au-delà, en essayant de décaler mon propos de l'enfermement idéologique et politicien dans lequel il a été enfermé, y compris dans le cas de Wade avec lequel j'étais initialement d'accord. Je le ferai plus tard puisqu'il y a une demande de la presse dans ce sens. Je pense également à la place de la réponse à la problématique de l'immigration non européenne, principalement celle d'afrique qui fait problème, ainsi qu'au statut de la promotion de plus en plus structurée de l'Egalité des chances comme valeur européenne, non plus simplement comme norme propre à chaque Etat, avec ses limites, lenteurs et hypocrisies respectives. Traité de Lisbonne .

27 novembre 2007

APE Afrique(s)-UE: l’appel de Wade

Dans Le Monde du 16 novembre, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, lance un appel pour un rapprochement stratégique équilibré entre l’Afrique et l’Europe. On peut discuter quelques détails du texte et relativiser la pertinence de l'idée que cette initiative devrait être portée par le Sénégal et la France. Sur le fond de l'analyse, Wade a raison et donne le ton avec une fermeté et un sens de la provocation qui fera réfléchir Bruxelles dans la suite des négociations. Affaire à suivre...

abdoulaye wade, président du sénégalLes nouveaux accords commerciaux proposés par l'Union européenne sont inacceptables et ne favorisent pas un vrai partenariat.

La Commission européenne presse les Etats africains de signer, avant le 31 décembre, de nouveaux accords de partenariat économique (APE). Ce nouvel instrument de coopération multilatérale est censé prendre le relais des accords de Cotonou, qui viennent à expiration à cette date et qui, depuis sept ans, accordaient aux 46 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (les ACP) un régime dérogatoire au principe de libre-échange et des préférences commerciales unilatérales.

En l'absence de signature de ces nouveaux accords, ce serait le vide entre l'Union européenne et l'Afrique. Cette perspective est doublement catastrophique. En effet, disparaîtrait, avec les accords de Cotonou, le dispositif qui sert de base à l'aide européenne. Et cette aide est encore plus vitale aujourd'hui pour l'Afrique, au moment où la hausse du prix du pétrole entraîne celle des denrées de première nécessité et déclenche partout le mécontentement populaire et la grogne des syndicats.

Il est vrai que les experts reconnaissent l'échec des accords de Cotonou et, avant eux, de ceux de Yaoundé et de Lomé, qui les ont précédés. L'objectif était d'augmenter les exportations de l'Afrique vers l'Europe, et l'on a abouti au résultat exactement inverse : les exportations de l'Europe vers l'Afrique ont augmenté de 6,5 % depuis 2000, alors que les exportations africaines vers l'Europe se sont très sensiblement détériorées.

Mais le système de remplacement que propose l'Union européenne (les APE) n'est pas acceptable. Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'Europe veut changer de partenaire : jusqu'à présent, par une sorte de parallélisme des formes, elle négociait avec l'Union africaine ; désormais, elle entend traiter, distinctement, avec chacune de nos cinq sous-régions. En somme, dès le départ, elle entend mettre en place un système de désintégration, tout en affirmant vouloir renforcer l'intégration africaine.

Ensuite, les nouveaux accords de partenariat économique prétendent démanteler les protections tarifaires et instaurer une parfaite égalité de compétition entre des économies européennes et africaines totalement asymétriques. En clair, cela revient à consacrer et accentuer un déséquilibre de fait et à livrer totalement les marchés africains aux produits européens subventionnés.

Non seulement l'industrie africaine n'a pas la capacité et les structures qui lui permettraient de répondre même à une forte demande européenne, mais ce nouveau dispositif de désarmement tarifaire imposé par le libre-échange entraînerait immédiatement d'énormes pertes de recettes douanières pour nos pays : or les recettes douanières constituent entre 35 % et 70 % des budgets des États africains. Selon une simulation du Centre d'étude et de recherche sur le développement, entre 2008 et 2015, les pertes de recettes fiscales du Sénégal, si notre pays adopte ce système, passeraient de 38 à 115 milliards de francs CFA. Récemment, le président du Nigeria, opposé aux APE, m'indiquait que son pays perdrait près de 800 millions d'euros par an.

En somme, on nous invite à annoncer aux populations en guise de cadeau de Nouvel An : " Chers compatriotes, nous venons de signer avec l'Europe un nouvel accord de coopération (sic) qui supprime 35 % de nos budgets. En conséquence, nous allons supprimer des écoles, des dispensaires, des hôpitaux, des projets de routes, licencier des fonctionnaires... en attendant des compensations hypothétiques ! " C'est indéfendable.

Au demeurant, l'allocation de sommes d'argent ne compense pas des déséquilibres structurels durables. Entre des mesures pour protéger mon économie d'une concurrence destructrice et une somme d'argent, je préfère les mesures de protection ! L'argent se dépense si vite, et après ?

C'est pourquoi la plupart des pays d'Afrique, à commencer par ceux de l'Afrique occidentale, rejettent ces nouveaux accords, même s'ils demandent des délais pour répondre. Je dis tout haut ce que tout le monde dit tout bas. C'est une question de survie pour nos peuples et nos économies, déjà très éprouvées par les subventions agricoles pratiquées par les pays industrialisés, à hauteur de 1 milliard de dollars/jour, et qui jettent, par exemple, les 12 à 15 millions de producteurs de coton dans la misère. Alors évitons-leur le coup de massue!

Les partisans d'une alliance Europe Afrique devraient donc envisager une alternative, portée par une vision d'avenir et non par une réaction défensive face à l'arrivée de nouveaux concurrents commerciaux asiatiques sur le continent africain. C'est dans cette perspective que je propose, pour ma part, des accords de partenariat et de développement (APD) qui englobent et dépassent le cadre strictement commercial.

Selon les projections, l'Europe, avec ses faiblesses en termes de compétitivité et de déficit démographique, aura besoin de 20 millions d'immigrants. De son côté, l'Afrique présente des déséquilibres structurels liés à la nature même de son économie. Toutefois, ce continent, dans son ensemble, est pacifié, à l'exception du Darfour et de la Somalie.

Les meilleurs analystes pensent que le monde de demain sera dominé par un quatuor États-Unis - Brésil - Chine - Inde, qui exclut l'Europe. Avec l'Afrique, l'Europe pourrait faire mentir cette prévision ! De leur côté, isolés, hors de l'intégration continentale, les pays africains n'auront aucune chance.

Ensemble, l'Europe et l'Afrique ont des atouts immenses pour bâtir une alliance stratégique, mettant en commun la science, la technologie, le savoir-faire, les capacités financières de l'Europe, le potentiel humain et les immenses ressources naturelles de l'Afrique.

Du coup, des problèmes aigus comme l'immigration clandestine massive, simple " produit " d'économies dissymétriques, disparaîtront, car les Africains trouveront des emplois chez eux.

Si l'Europe n'a plus que la camisole de force des APE à nous proposer, on peut se demander si l'imagination et la créativité ne sont pas en panne à Bruxelles.

C'est pourquoi je propose les APD articulés autour des principes suivants :

  • dissociation du commerce et de l'aide, qui serait coadministrée ;
  • constitution d'un espace mixte qui permettrait des investissements budgétaires de l'Europe en Afrique dans une optique keynésienne ;
  • accords entre régions du monde au lieu d'un accord mondial OMC, trop global et donc très réducteur ;
  • partenariat Europe-Afrique intégrateur donc global, et non parcellisé en 5 accords régionaux, parce que l'Afrique est une continuité géographique ;
  • accords sur des produits homogènes : café, cacao, arachide, coton, pêche, produits miniers, manufacturés, etc.; délocalisation industrielle vers l'Afrique : l'Europe ne pouvant pas concurrencer la Chine et l'Inde, pourquoi ne délocaliserait-elle pas en Afrique ses industries qui exportent vers notre continent ? ;
  • financement des infrastructures, car si l'Europe ne veut ou ne peut pas le faire, les Chinois le feront plus vite et moins cher !

Les accords de partenariat et de développement permettraient donc d'instaurer un développement équitable et mutuellement enrichissant. Au total, l'Europe et l'Afrique devraient se forger un destin commun en lançant les fondements d'une alliance objective sur la base de nos complémentarités.

La France pourrait, avec le Sénégal, en prendre l'initiative.
C'est ce message d'espoir que je compte porter au prochain sommet Europe-Afrique de Lisbonne du 6 décembre
.

Abdoulaye Wade, Président du Sénégal

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